Trois contes d’Afrique

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6 janvier 2014 par nouvellesrepliques

D’après des textes de Blaise Cendrars, Mia Couto, Amadou Hampâté Bâ, Sony Labou Tansi, Dieudonné Niangouna, Stefen Watson

Avec Jean-Paul Delore, Antoine Besson
Yoko Higashi musicienne et voix machines
Patrick Puechavy lumières
Catherine Laval costumes 

TNP

 

Le titre nous amène à croire que nous allons assister à trois contes, pourtant une dizaine d’histoires nous sont présentées. En fait, cela aurait pu être tout autant un seul conte comme mil et un contes. Le chiffre trois correspondrait plutôt aux trois conteurs et aux trois principes distincts qui construisent le spectacle : une recherche sonore prise en charge par Yoko Higashi, la présence des costumes singuliers de Catherine Laval et un travail corporel dont font preuve les comédiens Jean-Paul Delore et Antoine Besson – rejoints merveilleusement par Yuko Higashi à de nombreuses reprises. L’oralité habituelle du conte fait donc corps avec ces trois éléments afin de déployer l’imaginaire propre à cet univers étrange que nous propose Delore. En effet, l’étrangeté dans laquelle nous sommes plongés dès le début de la représentation nous rappelle à quel point les contes sont capables d’ouvrir un champ multiple d’univers.

Dès le commencement, nous sommes témoins du réveil de trois créatures complètement farfelues : des sortes d’oiseaux ayant pour plumes des bouteilles en plastiques. C’est alors que le voyage s’enclenche. Les anciennes histoires de l’Afrique sont accompagnées tout au long par une musique électronique et un travail sonore expérimental. Manière de moderniser les contes ? Non, plutôt un moyen de se les réapproprier en échappant aux clichés si souvent utilisés sur les plateaux. Nous échappons également au côté mièvre et candide que l’on cherche, dans une grande partie des cas, à assimiler aux contes pour enfants.

Les contes sont même parfois brutaux et l’on peut voir certains enfants quitter la salle. Cette brutalité ne cherche pas à être effacée ; bien au contraire, elle est accentuée par certains détails et assumée par l’intermédiaire d’un ton souvent cru. C’est grâce à l’humour, que laissent entrer les comédiens sur scène, que l’on peut facilement respirer à travers cette cruauté immédiatement balayée par le rire. Ce rire permet une distance nécessaire avec les quelques propos parfois misogynes des contes (Pourquoi la femme est soumise à l’homme…). À cela Antoine Besson, jeune comédien, remédie avec brio grâce à une capacité à déplacer le sérieux vers la poésie comique.

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Un trio de drôles d’oiseaux qui fonctionne, une recherche intéressante, mais il semblerait que le travail reste à approfondir. Les bonnes idées ne sont pas suffisamment explorées pour être pleinement intéressantes…c’est dommage.La mise en scène donne l’impression que les choses se sont créées de façon impromptue, spontanée, involontaire, et parfois il est difficile d’en suivre le sens. Et même si cela peut être parfois agréable et ouvrir à des trouvailles surprenantes, à certains moments, cela laisse un arrière-goût de « pas fini » et de frustration. Nous aimerions palper plus facilement le fil continu du propos et avoir la possibilité d’entrer entièrement dans l’univers qui nous est proposé.

Malgré tout, ce spectacle reste un monde plaisant à découvrir et un moment tout aussi chaleureux qu’est le moment de l’histoire qu’on nous raconte avant de s’endormir.

 

Sara Ferroud

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