Violet

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29 décembre 2013 par delphineleroy69110

de Jon Fosse
Compagnie Le Choeur des Fous
avec Jean-Rémi Chaize, Félicien Chauveau, Annabellle Hettmann, Louke Petit-Taborelli, Mathieu Quintin mise en scène Mathieu Gerin

Théâtre de l’Elysée
du 12 au 20 décembre 2013

Sur tout l’espace scénique, une immense « boîte », sorte de studio d’enregistrement rempli d’instruments : batterie, guitare…l’intérieur est d’un blanc immaculé, les parois capitonnées. Toute l’action ne se passera qu’au sein de cet espace cloisonné, séparé du public par une vaste baie vitrée.

Deux personnes entrent : une femme et un homme, jeunes. Le garçon est venu montrer à son amie l’endroit dans lequel il répète avec  son groupe de rock. Ils sont apparemment attirés l’un par l’autre. Je dis « apparemment » car nous l’apprenons par le texte, mais rien dans le jeu des comédiens ne traduit la gêne, le malaise, la maladresse propre à la drague adolescente ; chacun joue pour soi, renfermé sur lui-même, malgré les quelques tentatives de rapprochement physique. De longues minutes d’échanges  de banalités et de silences s’écoulent, et le manque cruel de traitement du sous-texte (je te plais ou non, je ne sais pas comment m’y prendre, je fais le gros dur pour ne pas te montrer mes sentiments…) se fait sentir.

Plus tard viendront les autres membres du groupe. Et avec eux d’autres discussions répétitives, lassantes, ponctuées par quelques bagarres et échanges de mots. Malgré ces tentatives pour relancer l’action, cette dernière ne décollera pas et restera toujours aussi plate et lente.

Violet-M.-Gerin
De la musique de fond diffusée tout le long de la pièce se dégage une ambiance étrange, inquiétante. Comme si quelque chose de grave se tramait. Or il n’en est rien : certes les échanges sont parfois violents, mais nous n’assistons là qu’à des démêlés entre adolescents. Pour intensifier cette ambiance sonore, remarquons le travail réalisé à l’intérieur de la « boîte » : les sons y sont tour à tour amplifiés ou étouffés, comme si on débranchait la prise. Idée intéressante, mais qui empêche le spectateur d’entendre et donc de suivre ce qui se passe. Cela est certes voulu, mais entraîne une certaine irritation et un décrochage ou lieu du regain d’intérêt certainement souhaité. Le jeu des comédiens ne nous donne guère plus envie de nous accrocher à ce qui se déroule devant nous : l’espace étant très réduit, le jeu est par conséquent très statique. Ce qui ne l’empêcherait pas d’être très investi sonorement et plein d’énergie. Or il ne l’est pas, et les acteurs semblent s’ennuyer autant que les spectateurs. Manque d’engagement donc, d’énergie, et de crédibilité : mollesse, colère démesurée…où donc est la finesse, la nuance ?
Quand on va voir une pièce de trois quart d’heure, on se dit que l’on aura pas le temps de s’ennuyer. Et bien si, cela peut arriver malheureusement. Par exemple, lorsqu’on assiste à un travail se reposant sur sa seule scénographie et sur accumulation d’effets techniques, totalement désinvesti par ses comédiens, et isolant le public physiquement (la barrière vitrée) et sonorement. Avec de tels moyens, on pourrait faire mieux. Bien décevant.

Delphine Leroy

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